Au mois d’octobre, une rencontre avec Janie Lachapelle, à l’Institut Nazareth & Louis-Braille, nous a permis de visiter les installations où sont produits des livres et des magazines en braille, dont les questions techniques de conception et d’impression nous intéressaient.
Une imprimante embosseuse est utilisée pour les petits tirages (75 à 100 copies). Comme pour tous les livres en braille, le papier utilisé doit être résistant et assez cartonné, en plus d’être lisse afin de faciliter la lecture des cellules. Avec cette technique, l’embossage n’est possible qu’au recto du papier.
L’impression sur feuilles de plastique a l’avantage de rendre les cellules plus résistantes et de pouvoir se laver, ce qui peut être pratique pour des livres de recettes en braille, par exemple. Comme les feuilles sont transparentes, elles permettent aussi ce qu’on appelle les duos-médias : à un livre traditionnel déjà existant sont ajoutées des pages transparentes où se trouve une transcription en braille du texte. Cette technique est souvent utilisée dans des livres pour enfants, où le texte de chaque page est assez court pour être transcrit en entier, ce qui permet à des parents aveugles d’enfants non-aveugles, ou l’inverse, de partager la lecture d’un même livre.
Pour les tirages plus élevés, tels que celui de la revue Le carrefour, produite à 300 exemplaires, on a recours à une presse, rappelant le offset, qui utilise des plaques de zinc embossant quatre pages à la fois, dont les rangées de cellules sont décalées afin de permettre l’impression recto verso. Les revues sont imprimées sur du papier plus mince, moins résistant, puisque leur qualité de média éphémère fait qu’elles sont gardées moins longtemps.
Nous avons aussi appris qu’il n’est pas possible de rogner les publications en braille comme on le fait pour les livres traditionnels, puisque cela écraserait les cellules et en diminuerait la lisibilité. C’est cette même raison qui fait qu’il ne faut pas entreposer ces livres à plat où les empiler.
Pour les personnes qui ont un résidu visuel assez important pour pouvoir lire de l’imprimé traditionnel, il existe des livres adaptés, imprimés en gros caractères (18 points), où sont utilisées des polices sans empattement, simples (Verdana, Arial, Tahoma), qui facilitent la lecture.
Janie Lachappelle nous a montré les impressionnants cartables contenant les plans en relief de chacune des stations du métro de Montréal. Chaque cartable contient les informations sur une seule station de métro, dans une seule des deux directions. Ces cartes en relief fonctionnent avec une légende où sont indiqués différents repères (téléphone, mur, portes métalliques, escaliers roulants, support à vélo, etc.) qui permettent aux personnes aveugles qui les ont étudiées à l’avance et apprises par cœur de circuler dans la station de métro et autour de celle-ci, étage par étage.
Trois techniques différentes permettent de produire des images tactiles. Il y a d’abord le thermoformage, qui consiste à utiliser une matrice en bois ou une maquette en relief pour en imprimer la forme dans des feuilles de plastique. Ce procédé, souvent artisanal, est plus ou moins courant : son utilisation est fastidieuse, les détails sont difficiles à produire et la maquette, à cause de la chaleur, tend à se détériorer graduellement. Par contre, elle peut permettre une variété de textures intéressantes. Ensuite, la technique du thermogonflage consiste à faire gonfler une encre à la chaleur. Elle peut être utilisée pour écrire le braille, mais sert principalement à créer des dessins. C’est grâce à cette technique que sont confectionnés les plans tactiles du métro. Finalement, une technique plus récente permet de tracer les contours d’une image grâce à une embosseuse vectorielle qui réalise le suivi d’un dessin, d’un tracé. Les embossages sont identiques d’une copie à l’autre, et permettent plus de subtilité dans le tracé.
Grâce à Francine Barry, qui travaille à la documentation de l’Institut, nous avons aussi pu consulter des livres sur les techniques de représentation tactile d’images. Elle nous a suggéré, pour poursuivre notre réflexion, de nous rendre au Service québécois du livre adapté (SQLA), situé à la Bibliothèque nationale du Québec.