Nous sommes retournées à l’Accueil et soutien aux étudiants en situation de handicap, le 22 octobre 2010, pour rencontrer Gilles Ouellette, brailliste et conseiller de ce service, qui est lui-même devenu aveugle à ses 18 ans. Il a pu répondre à nos nombreuses questions, lesquelles s’étaient précisées.
Ainsi, nous avons appris que seulement 10% des gens qui ont un handicap visuel sont complètement aveugles. Nous avons beaucoup parlé du braille, de sa version intégrale et de la variante abrégée, de la manière de le lire, de le décoder, d’indiquer la ponctuation, etc. On lit le braille avec les deux mains : la main droite repère les caractères, anticipe les mots, alors que la main gauche les décode plus précisément. Alors qu’un lecteur voyant peu lire environ 500 mots minutes, un bon brailliste lira 250 mots minute. La lecture du braille demeure un exercice mental exigeant.
Ce petit cours pratique d’introduction nous a permis de faire des parallèles entre le braille et la typographie. Les cellules braille, divisées en 6 points pouvant former les 64 différents symboles braille, sont toujours de la même taille. La distance qui les sépare est invariable, de même que celle entre les mots et entre les lignes. En ce qui concerne la hiérarchie visuelle, les titres, les caractères gras ou italiques, par exemple, sont indiqués par un code braille placé au début du mot, ce qui veut dire que, contrairement au texte imprimé, le lecteur de braille doit décoder chacun des signes pour s’y retrouver. Le survol de la page avec l’œil, qui permet au lecteur non-aveugle de trouver rapidement l’information recherchée, notamment grâce aux titres, au souligné, etc., est impossible avec un texte en braille.
Nous étions aussi intéressées par la lecture des images tactiles. Gilles Ouellette a précisé qu’il existe des images représentées soit en relief, soit en lignes-contours, soit en différentes textures. Mais, selon lui, la description des images est beaucoup plus efficace, plus facile à comprendre (et moins chère à produire). En effet, les transpositions en deux dimensions d’une réalité en trois dimensions sont souvent difficiles à décoder. Par contre, certaines représentations graphiques, tels des diagrammes, peuvent être intégrées avec pertinence à un texte en braille, mais toujours en tant que complément d’information.
Cette rencontre, éclairante et inspirante, a énormément stimulé notre réflexion sur la lecture tactile.